Pourquoi la justice fiscale est un devoir collectif

Dans un contexte national marqué par l’inflation, la hausse des coûts de l’énergie et la pression croissante qui pèse sur les collectivités, nous réaffirmons un principe simple : rien n’est gratuit et chacun doit contribuer à sa juste mesure.

La justice fiscale n’est ni un slogan ni un instrument de division. C’est un devoir collectif qui garantit la pérennité d’un service public de qualité. La question n’est donc pas de savoir s’il faut ou non payer, mais qui paie, comment et pour quoi faire.

La justice fiscale, ce n’est pas non plus faire reposer le coût du service public sur les seuls propriétaires, commerçants, artisans, agriculteurs ou industriels. La justice fiscale, c’est veiller à ce que chacun contribue en fonction de ses capacités et de son usage avec, de manière concrète :

– une TEOM (Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères) incitative pour que le coût des déchets soit supporté de manière plus responsabilisée.

– une taxe locale universelle en remplacement d’une taxe foncière aujourd’hui assujettie à une trop faible part de la population, afin que l’effort soit mieux réparti sur l’ensemble des usagers.

Ainsi, concernant les ordures ménagères, le travail mené depuis plusieurs mois permettra la mise en place, dès janvier 2028, de la tarification incitative. Une mesure juste, fondée sur une règle simple : « Plus tu tries, moins tu paies. Moins tu tries, plus tu paies ». Elle valorise enfin le tri et récompense les comportements vertueux. Dans l’attente, nous avons optimisé le service déchets, afin de stopper la hausse annuelle de la TEOM (appliquée entre 2020 et 2023). Et en 2026, comme en 2024 et 2025, les taux seront maintenus, ce qui nous permet de conserver la TEOM la plus basse parmi l’ensemble de nos voisins.

Il est essentiel de rappeler qu’à Manosque, la taxe foncière n’a pas évolué depuis 1996, alors que plus de 40 % des communes ont augmenté leur taux depuis 2020. Grâce à une gestion rigoureuse et responsable des deniers publics, Manosque affiche aujourd’hui la taxe foncière la plus basse parmi les communes des Alpes-de-Haute-Provence de plus de 4000 habitants.

Nous assumons également de dénoncer le populisme fiscal, cette tentation d’expliquer que tout pourrait être gratuit, sans effort, sans réforme, sans responsabilité. C’est populaire dans les discours. C’est destructeur dans la réalité. Une ville qui renonce à investir, une agglomération qui cesse de se développer, finit toujours par augmenter les impôts. Pas par choix politique : par contrainte.

Car les services publics ne sont pas gratuits : ils doivent être attractifs, accessibles et bien gérés. C’est le sens de notre action ici, là où Manosque affiche la pression fiscale la plus basse des Alpes-de-Haute-Provence.

Enfin, nous assumons une conviction : une ville qui ne se développe plus se condamne à faire payer davantage ses habitants. Car les faits sont têtus. Si les recettes ne progressent pas, les dépenses, elles, continueront d’augmenter. Les salaires ne baisseront pas demain, pas plus que le prix de l’énergie, des matériaux, des travaux publics ou des services externalisés. Et les nouveaux services attendus par la population — sécurité, transition écologique, mobilités, soutien aux familles, inclusion — nécessitent, eux aussi, des moyens supplémentaires.

Le développement économique n’est donc pas une option : c’est la clé pour éviter que l’impôt devienne la seule variable d’ajustement. C’est ce qui guide notre action, pour défendre un territoire qui investit, qui innove et qui refuse le renoncement.

Car c’est ainsi que se construit une fiscalité juste, durable et responsable.

Pascal Antiq et Camille Galtier